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luni, 3 februarie 2014

Le haïku japonais au 20ème siècle (3)



5 – Reprise après la guerre (1945 – 50)

            5.1 Débat autour de « Daini Gajutsu » (Le haïku, art secondaire) (1946)

En 1946, l’année qui suit la fin de la guerre du Pacifique, un essai, « Daini Geijutsu » (L’art secondaire- sur le haïku moderne) est publié par un critique littéraire, Takeo Kuwabara. Cet essai critique le haïku et le tanka traditionnel. Après la guerre, la plupart des japonais pensent que le Japon doit acquérir une façon de voir internationale, et donc que la culture japonaise doit être modernisée. En premier lieu, l’auteur soutient qu’il serait difficile de distinguer entre des haïkus écrits par un poète important et par un poète inconnu dans des conditions d’anonymat. Il en conclue que l’importance d’un écrivain de haïku se base sur des critères pré-modernes, comme le nombre d’élèves ou le nombre de publications dans une revue, plutôt que sur la qualité de son travail. Et l’essai conclue donc au haïku comme un art secondaire, distinct de l’art véritable, car le haïku, plutôt qu’un art, serait une sorte d’exercice de compétence. Cette négation du haïku secoue le monde du haïku plus sévèrement que ne l’avaient fais les « haiku jiken » (incidents dans le haïku). La plupart des groupes engagés dans le haïku discutent cet essai, soulignant l’absence de connaissance du haïku de l’auteur, Kuwabara.

Cette théorie « Daini Geijutsu » aurait pu avoir du succès à l’époque du rejet par Shiki du « tsukinami haiku » (haïku commun). Elle crée la sensation, mais ne parvient pas à briser la tradition pré-moderne du haïku. Quoiqu’il en soit, elle donne une opportunité aux poètes pour rénover leur position vis-à-vis du poème.

            5.2 « Kongen Haiku » (Haïku essentiel) et le groupe Tenrô (1948-)

Seishi Yamaguchi, après avoir quitté Hototogisu en 1935, avait rejoint la revue Ashibi, de Shûôshi, et inauguré une nouvelle voie d’écriture du haïku. En 1948, à la suite d’une dispute littéraire, Seishi abandonne Ashibi et crée la revue Tenrô avec les poètes du mouvement « Shinkô haiku » : Sanki Saitô, Fujio Akimoto, Seitô Hirahata, Sôshô Takaya, Akira Mitani, et leurs élèves, takako Hashimoto et Fuyuichirô Enomoto (1913-1982). D’autre part, Kôi Nagata (1900-1997), Hakkô Yokoyama, Hideo Kanda (1913-1993),
 Onifusa Satô (1919-2002 et Kin’ichi Sawaki (1919-2001) se joignent au groupe Tenrô. Des douzaines de poètes importants du mouvement « Shinkô haiku » rallient la revue Tenrô.

Dans le premier numéro de la revue, Seishi suggère qu’il faudrait rechercher « kongen », l’essence du haïku et ce mot devient une devise. Chaque membre tente d’écrire un haïku essentiel selon sa propre compréhension et utilise des façons différentes du haïku moderne, en tendant vers une plus grande profondeur de réflexion.

Ne pourrait-on améliorer                      
une part de l’arc-en-ciel                       
d’une certaine façon                             
Seishi Yamaguchi

Casser une noix –
tenu hors des innombrables mots
de la Bible
Seitô Hirahata


6 – Période de l’avant-garde (1950-1970)

            6.1 Socialisme dans le haïku (1955-)

L’idée que les conceptions socialistes devraient aussi s’exprimer dans le haïku avait été soutenue avant la guerre par le mouvement du haïku prolétarien, dans le « Shinkô haiku ». Sous l’influence des idées libérales de la période après-guerre, la pensée socialiste et l’expression politique s’étentent au haïku. Quand Kin’ichi Sawaki, en 1954, soutient dans la revue Kaze (Kin’ichi Sawaki, Kôhei Haraka, 1919-2004, Murio Suzuki, 1919-2004 et Tsuguo Andô, 1919-2002) la nécessité d’une idéologie socialiste dans le haïku, Tôta Kaneko l’approuve et un débat s’ouvre dans le monde du haïku à propos de socialisme. Tandis que les poètes du « Ningen tankyû-ha » (école de recherche humaine) sont en quête de la nature socialiste des êtres humains, les poètes de gauche de la revue Haiku-jin promeuvent le thème du travail et des lieux ouvriers dans le haïku.

La voie lactée…                       
coulant partout à travers           
un pays montagneux                 
Kin’ichi Sawaki

De la vue
de l’homme qui fut abattu
nous avons aussi disparus
Murio Shuki

6.2 Mouvement du haïku d’avant-garde (années 1960)

Dans les années 1955-1964, le Japon laisse derrière lui la confusion de la période d’après-guerre et connaît une forte croissance économique et sociale. Dans le même temps, les inquiétudes de la société japonaise augmentent à cause de la guerre américaine au Vietnam et des problèmes posés dans la vie quotidienne par le traité de sécurité USA-Japon. Face à cette évolution, le mouvement du haïku d’avant-garde cherche de nouvelles possibilités dans le haïku pour la seconde moitié du 20ème siècle. 

En littérature, durant l’ère Showa (1926-1989), autant spirituellement que réellement, les individus ne pouvaient travailler ou exister indépendamment de leur relation à la société. Deux éttitudes résultent de cette dynamique sociale : l’une tente de se relier positivement à la société, l’autre tente de se séparer de la société et de conserver la beauté poétique dans son travail. Des revues comme Kaitei, Haiku Hyôron, Nawa, Junana-on-shi et Mikan Genjitsu développent leur propre haïku d’avant-garde. Ce sont deux approches typiques de l’époque.

Au cours du débat sur le socialisme dans le haïku autour de 1955, Tôta Kaneko propose le « Haiku Zôkei-ron » (Méthode de construction du haïku). Il suggère que le nouveau haïku devrait se construire à partir de l’intérieur de soi, mais en relation avec la société. Les poètes qui font leur cette idée se réunissent dans la revue Kaitei, créée en 1962. Ce sont Haruto Kuma (1915-1990), Kineo Hayashida (1924-1998), Ashio Hori (1916-1993), Futoshi Anai (1926-1997), Sunao Inaba (1912-1999), Mikajo Yagi (1924-), Kan’ichi Abe (1928-), Ryô Shimazu, et d’autres.

Un autre groupe d’avant-garde actif est l’école nommée « artistique », qui mène une recherche sur l’esthétique de l’expression dans le haïku. Shigenobu Takyanagi (1923-1983), le principal poète de cette école, crée la revue Bara en 1952, regroupant Kakio Tomizawa, Takajo Mitsuhashi, Tôshi Akao (1925-1981), Shigeo Washizu. Usant des méthodes du symbolisme et du Surréalisme français, et quelquefois de la beauté des œuvres littéraires japonaise classiques, ils expriment le sens de la crise de l’époque pour développer l’esprit du début du mouvement « Shinkô haiku », à partir de leurs propres principes esthétiques. La revue Bara se transforme en Haiku Hyôron, avec de nouveaux membres : Sôshû Takaya, Kôi Nagata (1900-1997), Toshio Mitsuhashi, Ikuya Katô (1929-), Kanseki Hashi (1903-1992), Sonoko Nakamura (1913-2001) et Akira Mitani. Shigenobu Takayanagi publie ses haïkus en quatre lignes, comme « tagyô-gaki –forme à plusieurs lignes), contrairement à la forme en une ligne japonaise conventionnelle ; il essaye d’utiliser des mots que se renforcent l’un l’autre ou résonnent entre eux de façon plus belle.

Les deux écoles du haïku d’avant-garde écrivent leur haïku dans une forme fixe. Cependant, chacun essaye d’utiliser librement le haïku sans saison. Ce style se développe largement et, en ce snes, on peut dire que les mouvements du haïku d’avant-garde ont ouvert de nouvelles possibilités dans le style du haïku.

Tortillé et brûlé                         
au point d’impact de la Bombe…                                             
un marathon
Tôta Kaneko

Le soleil descend…                  
es mots appellent                      
une chaîne de montagne            
Shigenobu Takayanagi

            6.3 Associations de haïku (Seconde moitié du siècle)

Gendai Haiku Kyôkai (Association du haïku moderne) est créée en 1947 par Sanki Saitô, Hakyô Ishida, Hideo Kanda, et d’autres. Les membres fondateurs sont 38 poètes auxquels se joignent d’autres plus jeunes par la suite. En 1961, du fait d’un désaccord dans l’association entre les réformateurs et la vieille école, la plupart des conservateurs s’en vont et créent Haijin Kyôkai (Association des poètes de haïku). 

À Partir de là, Gendai Haiku Kyôkai accepte tous les styles de haïku, incluant le style traditionnel des poètes qui sont restés, les haïkus sans saison et les formes libres. Par contre, la nouvelle Haijin Kyôkai admet seulement le haïku de forme fixe traditionnelle avec mot de saison. Ensuite, en 1987, Nihon Dentô Haiku Kyôkai (Association du haïku japonais classique) est créée par des poètes venus de Hototogisu qui ont pris leur distance avec les deux associations précédentes et qui pratiquent « kachô fuei » (la beauté de la nature), recommandée par Kyoshi. Les trois associations se sont développées avec leur buts propres et comptent beaucoup de membres aujourd’hui.

Quant aux journaux de haïku commerciaux, Haiku Kenkyû a été publié pour la première fois en 1934. En 1952, Haiku est créé. Les deux existent jusqu’à aujourd’hui. Le développement de ces journaux commerciaux a participé aussi au monde du haïku.

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